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Éditos

L’Histoire de la Mahroussah (l’Égypte protégée)

CEMO Centre

« 1000 ans d’urbanisation ». Les capitales de l’Égypte islamique de Fostat à la capitale administrative

 

L’Égypte est considérée comme l’un des premiers endroits au monde à connaître les différentes formes de civilisation. Alors, Si nous voulons saisir le vrai sens du mot « civilisation », il nous serait indispensable nous faire la différence « civilisation » et « Histoire ».  En général, le mot histoire réfère à l’enregistrement écrit des événements sociaux ou des faits quotidiens.  Ainsi, on a, à titre d’exemple, l’histoire de la cuisine, l’histoire sociale, l’histoire des jeux d’équipe et l’histoire des industries ou de l’artisanat. Ces types d’histoire ne sont pas moins importants que l’histoire politique concernée par le changement du pouvoir, et des formes de gouverner à travers les siècles.

Quant à la civilisation, elle se définit comme étant la production humaine dans divers aspects de la vie : tout ce que l’homme a laissé en termes de bâtiments, d’innovations et d’arts divers. Par conséquent, lorsque nous les étudions, nous réalisons à quel point un pays a progressé sur l’échelle de la la civilisation humaine.

La civilisation n’est connue que des pays qui ont joui d’une stabilité sociale complète.  La stabilité ne peut être établie qu’avec l’agriculture, car elle aide les humains à se stabiliser et à travailler pour se nourrir.  C’est à partir de ce travail que les la société émerge en se mettant à se constituer. 

L’Égypte fut l’un des premiers pays à connaître une telle stabilité. Les phénomènes civilisés y furent apparues tôt, que ce soit sur le plan politique, civil, militaire, juridique ou sur celui de l’architecture et artistique.   

De multiple civilisations se sont succéder sur la terre d’Égypte, depuis la nuit du temps jusqu’à nos jours. le Dr Khaled Saad, professeur de préhistoire, dit que les découvertes archéologiques successives nous ont prouvé que les Égyptiens existent depuis des milliers d’années. En témoignent nos monuments datant de cent cinquante mille ans.

Commence alors les âges historiques en Égypte, enregistrés pour nous par Maneton al-Samannud sous la forme de familles égyptiennes anciennes, de la première dynastie à plus de 30 familles consécutives. Ces dynasties déclinent avec l’entrée des Perses. Alors commença l’ère ptolémaïque, terminée la fin du règne de Cléopâtre VII par les Romains.

La domination romaine dura de 30 av. J.-C. jusqu’au début du VIIe siècle après JC, avec l’avènement des Arabes en Égypte. À partir de cette date, commença une nouvelle ère connue idiomatiquement sous le nom d’ère islamique : avec Amr ibn al-As, le gouverneur désigné par le deuxième calife Omar ibn al-Khattab. Amr ibn al-As construit « al-Fostat », la première capitale islamique en Égypte. Si bien qu’il voulait, d’après Dr. Abdul Rahman Zaki, prendre Alexandrie comme capitale égyptienne qui fut la métropole du monde. 

Cependant, Omar ibn al-Khattab l’ordonna d’éviter que le Nil sépare la capitale du reste du pays. Le Calife voulait un endroit moyen accessible depuis la ville sans traverser le Nil. Amr ibn al-As,  finit  donc par choisir un endroit à côté de la forteresse de Babylone, la plus grande forteresse romaine tombée aux mains des Arabes. Amr attribua le fort aux coptes d’Égypte pour y résider. À côté du fort (à l’endroit actuel de la mosquée Amr) il construit al-Fostat.

Il commença la construction par la mosquée qui pris son nom (Masdjid Amr). Elle fut la première non seulement en Égypte mais aussi en Afrique. Autour de cette mosquée, des rues, ruelles furent percées. Al-Fostat devint ainsi célère et resta la capitale de l’Égypte pendant tout le règne des trois califes Omar ibn al-Khattab, Uthman ibn Affin et Ali ibn Abi Taleb, et tout au long du règne de la dynastie omeyyade.

Après le conflit entre Omeyyades Abbassides abouti à la prise de contrôle abbasside de l’Égypte fondant une nouvelle capitale : Assakir. En 132 AH, quand Ahmed bin Touloun, gouverneur de l’Égypte autonome, il construit une troisième capitale appelée « Al-Qataie3 » dont la célèbre mosquée subsiste.

Après la dynastie Toulounide, l’Égypte fut gouvernée par les Ikhchidides, les successeurs des Toulounides. Puis l’Égypte fut gouvernée par les Fatimides, où al-Mu’izz li-Din Allah al-Fatimide ainsi que son père et ses grands -parents rêvaient y entrer afin d’en faire la base de leur empire.

Jawahar le sicilien réussit à entrer en Égypte, ne rencontrant qu’une légère résistance. Par conséquent, l’État des Ikhchidides tomba. L’ère fatimide commença. Jawahar construit Le Caire en 358 AH, après avoir quitté Fostat, al-Askar et Al-Qataie3 se dirigeant vers le nord, et dans une large plaine sablonneuse construit la première capitale fatimide en Égypte, la quatrième capitale islamique.

En effet, Le Caire différait considérablement des autres capitales précédentes.  Jawahar, le commandant des armées fatimides d’al-Mu’izz li-Din Allah, voulait que les Fatimides aient une ville légèrement isolée des Égyptiens, parce que la doctrine religieuse était différente. Les Fatimides sont connus pour être des chiites ismaéliens alors que les Égyptiens sont sunnites. Par conséquent, Jawahar Sicilien avait l’intention d’éviter de surprendre les Égyptiens avec cette différence sectaire.

Selon le livre du Dr Abdi al-Rahman Zaki « Construire le Caire en mille ans », Jawahar voulait le rendre facultatif, car il ne forcerait personne à adopter une doctrine contraire à la sienne. Un autre point de vue est qu’il craignait les ennemis de l’État fatimide. À cet effet, il entoura sa capitale d’un mur très solide selon la description d’al-Maqrizi. Le mur de Jawahar le sicilien entourait Le Caire de 4 côtés, dont chacun mesurait environ un kilomètre de long. Dans chaque mur, il eut deux portes. À l’intérieur du Murail se trouvaient les différentes divisions de la ville.

 

La fondation du Caire 

Le père et le grand-père d’al-Mu’izz essayèrent de prendre le contrôle de l’Égypte, mais ils ne réussirent pas. Après que le pays ait été frappé par le chaos à l’époque des Ikhchidides, après que les famines aient prévalu, et qu’al-Mu’izz Li Din Allah Al-Fatimide ait étendu son État jusqu’à la rive atlantique, il se résolut d’abandonner son principal État à Kairouan (Tunisie actuelle), d’entrer en Égypte pour y installer sa nouvelle capitale, qui sera construite établie pour lui par le commandant de ses armées, Jawahar le sicilien.

Une autre question historique se pose : « Pourquoi les Fatimides déménagèrent-ils en Égypte ? » En fait, c’est une question un peu déroutante, car il est compréhensible que « Al-Mu’izz » envoie ses armées, que Jawahar ordonna de préparer, où il rassembla 100 000 soldats, et avant cela, « Al-Mu’izz»  contacta « Jacob bin Kilice, le Juif », qui émigra d’Égypte à Kairouan. Jacob fut proche de Cavour al-Ikhchidide, le dirigeant de l’Égypte. Al-Mu’izz apprit de Jacob l’état du pays avec précision, alors il prit sa décision définitive.

Jawahar se déplaça avec ses armées de Kairouan le 14 Rabi' al-Awwal 358 AH / 5 février 969 AD, pour atteindre Alexandrie, et s’en emparer facilement, puis marcha sur Gizeh, qui tomba entre ses mains le 17 Cha3ban de la même année, le 6 juillet 969 après JC, traversa le Nil, écrasa la faible garnison établie par les Ikhchidides, et entra dans Fostat mais ne s’arrêta pas là.  Mais il la laissa ainsi que 3assaker et katie3 derrière débarquant son armée dans une large plaine sablonneuse au nord des trois capitales précédentes. La plaine est bordée à l’est par le mont Muqattam ; à l’ouest par le golfe Égyptien.

Jawahar commença la construction de la ville où Al-Mu’izz allait déménager avec les restes de ses pères et grands-pères. Alors pourquoi déménager en Égypte alors qu’elle pourrait devenir une province de l’État fatimide de Kairouan ? La raison en fut que l’Égypte représentait ce qu’on appelle autrefois le monde islamique, et aujourd’hui le monde arabe : la métropole de l’Orient, le carrefour de ses sciences ; de ses idées, et le refuge de ses damnés. C’est ce qui se passa après la chute de Bagdad aux mains des Mongols, après la chute de l’Andalousie, et à partir des temps modernes.

Dans le contrôle intellectuel, militaire ou économique de cette partie du Maghreb jusqu’aux confins du Levant, il est indispensable d’avoir l’Égypte comme capitale. Voilà ce qu’Al-Mu’izz Li-Din Allah Fatimide avait prévu ordonnant au prince Jawahar de construire une ville. Le prince choisit cette vaste plaine sablonneuse, et construit la clôture en briques de boue d’une longueur latérale de 1200 mètres, soit environ mille mètres. Ainsi le mur devint-il un carré étendu entourant une superficie de 340 acres,

À l’intérieur de ce mur, il érigea un palais majestueux pour son maître Al-Mu’izz sur une superficie de 70 acres, connu sous le nom de Grand Palais de l’Est. Parce qu’ensuite, sous le règne d’Al-Aziz Bi Allah, un palais fut construit en face : le Petit Palais de l’Ouest. La zone était connue sous le nom de « Entre les deux palais ».

Jawahar se mit à jeter les bases de la mosquée Al-Azhar et à en faire une plate-forme pour la propagation du chiisme. En fait, il se montra intelligent construisant le mur du Caire y a réservant des logements au roi, à ses soldats et à son entourage. Le mur, protecteur, garantissait qu’il n’y aurait pas de conflit idéologique entre les Fatimides (chiites ismaéliens) et les Égyptiens (sunnites). Surtout que Jawahar ne tenta jamais d’imposer le chiisme aux sunnites qui, à l’origine, ne furent pas attirés par cette doctrine. La preuve en est que Saladin ne rencontra aucune difficulté à en mettre fin en Égypte. 

Puis il perça les rues, effectua leurs plans de division les distribuant aux tribus de son armée, y compris la tribu Zuweila, habitant Haret Zuweila qui existe jusqu’à présent, les Barqyyah, habitants du quartier al- Barqyyah, et les Romains, occupants les deux quartiers al-Roum al-Jawaniya et al-Baraniya. Ces noms existent encore aujourd’hui. Une tribu resta sans plan, c’est-à-dire sans rue. C’est pourquoi, les gens de la tribu disaient « on est les annulés », c’est-à-dire notre division est nulle. D’où le nom de leur quartier « Al-Batilyyah », situé derrière d’al-Azhar.  

Ils ont dit : « Nous avons été le héros », c’est-à-dire le héros de la division contre nous, et ils les ont traités de mensonge. Ils vivaient derrière la mosquée Al-Azhar, et le quartier dans lequel ils vivaient s’appelait Al-Bataliya, qui a été corrompu en Al-Batiniya.

Le Caire fut ainsi achevé, devenant un bastion fort avec son énorme mur dont al-Maqrizi dit que : Deux cavaliers avec leurs chevaux pourraient passer dessus. Personne n’était autorisé à entrer au Caire sans permission. Alors que les Égyptiens vivent à Fostat, à al-Askar et à al-Qataye3, connues sous le nom d’Égypte. Le roi avec son entourage et ses soldats résidèrent derrière les huit portes du Caire (huit portes fermées, deux portes de chaque côté de la ville fortifiée : 2 portes au sud : Bab Zuweila et Bab al-Faraj. 2 portes au nord : Bab al-Futuh et Bab al-Nasr. 2 portes à l’est :  Bab al-Qarratin et Bab al-Barqa. 2 portes à l’ouest : Bab al-Qantara et Bab Sa’ada.  Chaque porte raconte une histoire à laquelle nous devons consacrer un thème entier.

Au début, Le Caire ne s’appelait pas ainsi. Al-Mu’izz l’appelait al-Mansuriyya, le même nom que la capitale des Fatimides à Kairouan. Il semble qu’al-Mu’izz ait ordonné à Jawhara de construire la ville à l’extérieur de Fostat afin qu’elle soit comme la Mansuriya construite par son père al-Mansur par rapport à Kairouan, construite par Uqba ibn Amer avant les Fatimides. Il voulut faire sa ville en dehors de Fostat, l’entourant du même mur que Mansuriyya. En effet, les portes d’al-Futuh et d’al-Nasr portent deux des noms des portes d’al-Mansuriyya. Quand al-Mu’izz li-Din Allah al-Fatimide vint en Égypte, le 7 du Ramadan, 362 AH, vit le Caire avec ses hauts murs, son palais et la mosquée, il dit : « C’est bien le vainqueur « la Qahirah », c’est-à-dire le vainqueur des ennemis. » 

L’étrange, à cet égard, fut qu’Al-Muizz apporta avec lui les restes de ses ancêtres, ordonna la construction d’un cimetière pour eux proche des portes de son palais appelé Bab al-Daylam. Le Grand Palais Fatimide de l’Est avait 9 portes. La place de Bab al-Daylam fut construite dans la mosquée d’al-Hussein. Le cimetière en question s’appelait le cimetière du safran. Khan al-Khalili occupe maintenant sa place.

C’est ainsi qu’al-Mu’izz li-Din Allah al-Fatimide s’installa dans son palais. La rue qui passait devant le palais est devenue la Grande Kasbah. C’est la rue principale de la ville. Après la construction du palais face au palais oriental, le nom de la rue est devenu « Entre les deux palais ». Pendant le règne du Khédive Ismail, le nom de la rue fut changé en rue Fatimide al-Mu’izz Li-Din Allah.  Ainsi, devint-il l’un des monuments historiques les plus importants du Caire. Elle raconte, avec des monuments de différentes époques, l’histoire de l’Égypte depuis le début de l’ère islamique. 

 

Expansions successives du Caire

C’est sous le règne d’al-Nasir Saladin que la première expansion du Caire eut lieu. Son ministre, Baha’ al-Din Qaraqosh, ordonna l’annexion de toutes les capitales « Fostat, al-Askar, al-Qataye3 et Le Caire » à l’intérieur d’un seul mur, et la construction d’un château sur le mont Muqattam. Ce château devint plus tard le siège du gouvernement du pays à travers les Ayyoubides, les Mamelouks et les Ottomans jusqu’à l’ère de la dynastie Muhammad Ali.

Puis vint le Khédive Ismaïl qui déplaça le siège du gouvernement du château au palais Abdîn, imitant la coutume européenne selon laquelle les rois gouvernent depuis les palais. Il ordonna alors la construction du Caire khédivial, qui prit un caractère purement européen. Et c’est ainsi que Le Caire s’étendra de plus en plus. Puis le baron Empain construisit Héliopolis, connue sous le nom d’Héliopolis, puis continua ses expansions dans les époques postrévolutionnaires, de sorte que Nasr City et 6 octobre furent construits. Aujourd’hui, la nouvelle capitale administrative est en cours de construction, de sorte que Le Caire reste dans une expansion urbaine s’étendant à travers les générations et les âges, portant sur ses épaules l’histoire continue de toute une nation.