Jusqu’au milieu des années cinquante, l’Égypte était l’une des sociétés les plus cosmopolites de l’Orient. Des milliers de personnes en quête de sécurité et de liberté de croyance, qui jusqu’à présent pratiquent leurs rites sur son territoire sans distinction ni discrimination, se sont rassemblées et y ont afflué.
Étant donné que la terre d’Égypte fut le berceau de la religion juive, de nombreux monuments juifs célèbres y sont restés, à commencer par des lieux bien connus tels le « quartier juif », le « ghetto » réunissant la communauté juive, le célèbre quartier de Moski à la périphérie du Caire islamique, en passant par certaines personnalités Juives qui furent des contributeurs majeurs à leur société, tels que « Moussa ben Maymoun », le médecin du sultan Salah al-Din al-Ayyubide, propriétaire de la célèbre citadelle du Caire, et le chef musulman qui fit la fameuse réconciliation avec le légendaire roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion. Ajoutons des économistes célèbres tels que Sednawy, Semaan et Chikuril, dont les noms sont encore conservés par les Égyptiens aujourd’hui. De plus, Il y a le reste de l’héritage juif au Caire et à Alexandrie, représenté par des synagogues. Puisqu’il s’agit d’un monument égyptien central l’État égyptien continue de les entretenir et restaurer, car il s’agit d’un monument égyptien central.
Dans les lignes suivantes, nous visitons ensemble un certain nombre de synagogues, ou « Temples », ainsi appelées dans la langue vernaculaire égyptienne. Chaque synagogue raconte une histoire égyptienne, d’une société dans laquelle les races fusionnent pour créer une patrie.
Le Temple de Maïmonide. Le médecin du Sultan
Au cœur du célèbre quartier commerçant de Moski, au centre-ville du Caire islamique, se trouve la synagogue Maïmonide, l’une des plus importantes anciennes synagogues égyptiennes. Il est attribué au médecin Maïmonide, né à Cordoue en 1135, mort au Caire en 1204. Ce fut un philosophe ; un érudit des sciences religieuses et médicales juives, venu en Égypte fuyant l’Andalousie au XIIe siècle. Il soigna le sultan Saladin et sa famille.
La synagogue actuelle a été construite au XIXe siècle après JC sur les ruines d’une ancienne synagogue datant du Xe siècle après JC. Les Juifs d’Égypte l’appelaient « Rab Moshe/Président Moïse ». Le temple fut construit peu de temps après la mort de Maïmonide en 1204. Il a été reconstruit et rénové plusieurs fois par la suite. Un groupe d’immigrants russes, romains et polonais contribua à sa rénovation. Elle réouvrit ses portes le 16 janvier 1887. En 1986, il a été inscrit comme monument par le ministère de la Culture, en raison de son importance religieuse, historique et architecturale.
Dans son livre « Les Juifs d’Égypte depuis l’époque des pharaons jusqu’à l’an 2000 », publié par le Comité général égyptien du Livre, le chercheur 3arafah Abdo Ali souligne l’importance du site du temple, qui se trouve dans une petite crypte, que Maïmonide utilisait comme lieu de méditation et d’étude. Son corps y resta pendant sept jours après sa mort. La chambre de la crypte resta la destination, voire le sanctuaire pour les Juifs comme pour certains musulmans et chrétiens afin d’en recevoir des bénédictions et y chercher la guérison. Beaucoup de Juifs croient que ce temple est le lieu de miracles, ayant une chambre cryptique où les malades entrent pour chercher la guérison. Certains y passent même la nuit.
Le temple est divisé en trois sections : la première abrite le bâtiment de la prière et des rites religieux. Le second comprend la tombe de Maïmonide (avant que ses restes ne soient transférés il y a quelques siècles dans la ville palestinienne de Tibériade), une petite pièce où les Juifs dormaient pour se soigner, et un puits qui a été utilisé pour la purification. La troisième section comprend des salles dédiées au clergé et aux administrateurs du temple, ainsi qu’un balcon pour les femmes donnant sur « la maison de la prière ».
Synagogue Ben Ezra. Le temples le plus anciens
La synagogue Ben Ezra est l’une des plus célèbres synagogues égyptiennes. Il est situé dans l’Égypte ancienne dans la zone historique de Fustat. Sa bibliothèque comprend de précieux livres juifs et des périodiques relatant l’existence de la communauté juive en Égypte. Le temple porte le nom de l’écrivain Abraham ben Ezra (l’un des grands rabbins Juifs). Il est parfois appelé le « Temple des Philistins » ou « Temple de Shawam : les syriens ». Les chercheurs modernes et les Juifs le connaissent comme le « Temple de Geniza » d’après la célèbre collection de documents de Geniza y trouvés en 1890.
Bien que les histoires juives racontent que le prophète Moïse avait choisi un lieu de prière près du Nil – dans ce qui fut plus tard connu sous le nom de Fustat – à la suite de la peste, l’une des dix épidémies, qui sévit le pays, cet endroit devint plus tard une synagogue. Mais la synagogue était, selon al-Maqrizi, à l’origine une église appelée « Église du Chama’ine » que l’Église orthodoxe vendit à la communauté juive, lorsqu’elle avait des difficultés financières en raison de l’augmentation des impôts à l’époque. Al-Maqrizi se réfère aux nouvelles d’une église nommée « St. Michael » au même endroit, disparue aujourd’hui. Des sources indiquent que les Juifs l’achetèrent en 882 après JC. L’église fut obligée de vendre pour collecter une somme d’argent, imposée par Ahmad ibn Toulon aux chrétiens. Abraham Ben-Ezra paya 20 000 dinars.
Al-Maqrizi raconte que le temple avait été reconstruit, mais son état s’était considérablement aggravé. La communauté juive décida alors de le démolir complètement pour le reconstruire en 1890. Vu l’état dégradé de sa construction, le gouvernement égyptien décide de le rénover en partenariat avec le Centre Canadien d’Architecture en 1991, et en fasse ainsi une attraction touristique bien connue.
Les miracles du temple
Certaines histoires traditionnelles juive racontent que le prophète Elie/Elihu fut manifesté aux fidèles dans la synagogue plus d’une fois. Les mêmes histoires racontent également que le temple contient les reliques du prophète Jérémie, ainsi que l’ancien manuscrit d’al-Tanakh, connu sous le nom de Codex d’Alep. Il fut écrit par le Massorti Moshe ben Asher, son fils Aharon ben Asher - de la communauté juive karaïte - le pointilla afin d’être prononcé sans distorsion et transmis d’une manière ou d’une autre à la communauté juive d’Alep al-Sham. L’on dit que cette copie est celle dans laquelle les versions actuelles du Tanakh ont été ajustées et révisées.
La majorité des communautés juives d’Égypte ont historiquement utilisé le temple : les Juifs irakiens (Juifs karaïtes et Levantins), les Ashkénazes (Juifs occidentaux) et les Séfarades (Juifs d’Orient). Il a fini par devenir un temple pour les Juifs rabbiniques après que les Juifs karaïtes, qui parlaient l’arabe comme langue maternelle, aient déménagé au Caire à l’époque fatimide. Ce sont eux qui parlent l’arabe comme langue maternelle.
La description du temple
Le temple se compose, comme un grand nombre de synagogues, de deux étages. Le premier étage est utilisé pour les fidèles masculins et le second pour les prières des femmes. Le temple est dirigé vers « la qibla » de Jérusalem. Il contient deux rangées de colonnes en marbre avec de magnifiques chapiteaux. Il est divisé en trois sections, dont la plus grande est celle du milieu surmonté d’une sorte de lucarne « Chuchaykhah », (l’ouverture de l’éclairage et de la ventilation). Au milieu de celui-ci se trouve la plate-forme de prédication et autour d’elle les sièges des fidèles. Le temple se trouve au côté est. Il loge l’Arche de l’Alliance et les rouleaux de la Torah.
À l’intérieur du temple se trouve le « Bima ». C’est une chaire juive semblable aux chaires islamiques, un petit balcon en dessous duquel se trouve des escaliers. À son bout, il y a un mur relativement long sur lequel une copie de l’ancienne Torah. Est gravée.
Dans la façade du temple se trouve le temple, qui se compose de plusieurs parties : devant la première, il y a deux chandeliers avec 6 bougies (et une place vide) dont 3 à droite et 3 à gauche. Létoile de David est au centre » représentant le sabbat, le jour ferrier juif. Derrière le temple, il y a aussi un puits profond. Les Juifs croient que la mère du prophète Moïse y cacha son bébé. À l’intérieur du temple au milieu, il y a l’aile centrale avec la plate-forme de prédication où on lit la Torah.
Sur le côté est, près du chœur (la place réservée au chœur des chantres de l’église), se trouve une haute plate-forme, sur laquelle est placée l’Arche d’Alliance, obscurcie de l’extérieur, par une porte inscrite et un rideau de l’intérieur. Il reflète les formes décoratives de ce temple avec ses multiples influences et métaphores, qu’elles soient de l’antiquité, de l’époque byzantine ou islamique.
La synagogue avait également de petites salles destinées à stocker les offrandes distribuées aux Juifs lors de célébrations juives. En plus d’une autre pièce adjacente, les serviteurs du temple l’utilisaient pour passer la nuit après la journée de ménage. Ainsi que de petites pièces contenant des biens du temple. Des femmes utilisent l’une d’entre elles pour y mettre leurs propres affaires pendant les rites et les cérémonies juives.
Le temple comprend également une bibliothèque logeant des livres qui racontent l’histoire du temple et celle de la communauté juive en Égypte. Il y a aussi quelques manuscrits écrits en arabe et en hébreu qui sont très anciens. Ce type de manuscrit traite la politique, l’économie et la vie sociale des Juifs sous la domination arabo-islamique en Égypte.
Le temple d’al-‘Adli…Porte du Ciel « Hashamaym »
C’est la célèbre synagogue / temple, située sur la rue ‘Adly dans le centre-ville du Caire. Actuellement, les rites juifs y sont pratiqués. Elle fut Conçue par l’ingénieur juif Maurice Qtari. Elle est l’une des synagogues luxueuses les plus spacieuses. La construction de ce temple a été achevée au début du XXe siècle - plus précisément en 1905 après JC - sous les auspices de nombreuses familles aristocratiques juives, dont la plus célèbre fut les Mousiri.
À l’intérieur du temple se trouve encore une plaque figurant les noms des participants et les donateurs. C’est la synagogue principale où certains rites sont tenus de temps en temps, à la fois pour la minorité juive en Égypte et pour les Juifs non Cairois. Cependant, de telles pratiques sont rares, car le quorum n’est jamais éteint. Il faut, pour prier selon le judaïsme, au moins 12 fidèles.
Le bâtiment du temple prend la forme d’un carré de deux étages et d’un sous-sol. Sa superficie est d’environ dix mille mètres carrés, y compris le bâtiment du temple et ses annexes. C’est l’une des huit synagogues enregistrées comme antiquités au Caire. Elles sont protégées par la loi de protection des antiquités n ° 117 de 83, telle que modifiée par la loi n ° 3 de 2010 et ses amendements, portant le numéro de propriété 17 rue ‘Adly.
La description du temple
L’entrée principale du temple est située du côté sud-ouest donnant sur la rue ‘Adly. Devant lui se trouve un hall montant de la rue sous forme d’escaliers. Le hall se termine par un auvent dont le toit est porté sur une partie d’une colonne enveloppée de deux piliers. La verrière saillante de la façade principale est décorée au milieu d’une étoile à six branches.
Cette synagogue n’a aucune importance ni historique ni religieuse, compte tenu de sa relative modernité. Cependant, il convient de mentionner qu’il a été entièrement restauré pour la première fois en 1980. Le Conseil suprême des antiquités l’a encore restaurée complétement en 2007 : les façades de l’intérieur et de l’extérieur et le traitement des eaux souterraines.
La bibliothèque de la synagogue
À l’intérieur de la synagogue se trouve la Bibliothèque du patrimoine juifs : la plus grande bibliothèque Juive en Égypte. Elle regorge de manuscrits rares, recueillis dans des synagogues égyptiennes fermées. Elle loge plus de 25 000 livres dans un bâtiment attaché au temple dans le coin nord-ouest de celui-ci, une grande salle, préparée dans le passé pour les mariages. Cette bibliothèque ouvrit ses portes le 24 janvier 1989 est unique dans son genre. Car elle loge une collection de manuscrits et de livres anciens datant du début du XVIe siècle, y compris le Grand Livre des Commandements, imprimé à Venise en 1512 après JC.
Les temples d’Alexandrie
La communauté juive dans l’histoire moderne d’Alexandrie s’est formée à la fin du 17ème siècle, lorsqu’un groupe de pêcheurs juifs pauvres des villes de Rashid et Edko est allé en Alexandrie afin de rejoindre d’autres Juifs défavorisés. Après avoir pris leur résidence de tente dans le quartier d’Anfouchi, ils ont rapidement construit des huttes et des maisons, formant plus tard un ghetto.
Alexandrie a attiré plus de Juifs de différentes régions à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Les Juifs du Maroc comme ceux d’Irak, même ceux de Turquie et d’Espagne, se sont tournés vers cette ville égyptienne en raison de l’énorme reprise économique dont la ville témoignait. En plus de son ouverture aux marchés occidentaux, à une époque où la ville était considérée comme la porte d’entrée non seulement de l’Afrique mais aussi de la civilisation asiatique vers l’Europe, et vice versa.
Jacques de Mancha. L’un des plus anciens temples d’Alexandrie
Le temple est situé au milieu de la place Manchié, près de l’ancien consulat français. Il fut construit par le baron « Jacque de Menci » (1807-1887 AD), son nom est prononcé en Égypte « Mancha ». Il est d’origine espagnole appartenant aux Juifs séfarades « Mizrahi ». Il était un homme de finance et de bourse, proche du Khédive Ismail. Il fut cofondateur de la Banque ottomane d’Égypte, qui existe toujours à Manchié, à côté du tribunal al-Haqqaniya. Sa grande activité commerciale en Égypte et en Europe a été associée à de nombreuses entreprises et projets des familles Qatawi et Soares.
La description du temple
Le temple est un bâtiment rectangulaire, entouré d’un mur de pierre avec une bande divisée en carrés. Sa façade principale est au style occidental ayant deux rangées de fenêtres cintrées en arcs en plein cintre. Chaque rangée ayant 3 fenêtres sur lesquelles deux châssis en bois sont fermés par des voiles de verre recouvertes de grilles métalliques.
Le temple de l’intérieur est divisé en deux sections : la première est un rectangle accessible par une marche « darakat » (le lien entre la configuration extérieure de l’entrée et l’intérieur du bâtiment) au moyen d’une large ouverture de porte nouée avec un arc en plein cintre à son sommet, une soupente moderne en bois fut réalisée. Les sols du temple sont pavés de tuiles ; le plafond est décoré d’une suite de voûtes en croix et en berceau dans la salle rituelle religieuse, de plafonds plats dans les salles à l’intérieur du temple, en plus de la salle rituelle, divisée en 3 arcades verticales. L’autel est surmonté du côté nord de la salle rituelle religieuse, faites d’une plate-forme en marbre.
Le temple du « Prophète Elihu ». Contient 63 exemplaires de la Torah
Elle est considérée comme l’une des synagogues les plus anciennes, donc les plus célèbres d’Alexandrie. Le temple est attribué au prophète Elihu Hanbi, un prophète des Israélites qui vécut au VIIIe siècle avant JC. Connu dans le christianisme, comme « le prophète Elie » ; dans l’islam, il est « le prophète de Dieu Elie ».
L’importance religieuse et historique du temple Elihu pour les Juifs réside dans leur croyance qu’il est apparu au clergé juif sur le site où le temple a été construit après sa mort, selon le ministère égyptien des Antiquités.
Le temple dans sa forme actuelle a été construit en 1850, au-dessus de la structure originale datant de 1354. Endommagé par la campagne française en Égypte, Napoléon ordonna qu’elle soit bombardée. Après que le pape de l’Église de l’époque avait cédé la parcelle de terrain pour y construire le temple. Le terrain du temple faisait partie de l’église que Sa Sainteté le Pape donna aux Juifs d’Égypte pour construire le temple et accomplir leurs rites. Le temple fut reconstruit. Sa superficie a augmenté à 4200 m2, sous la direction et la contribution de la famille de Muhammad Ali Pacha, qui régnait sur l’Égypte à cette époque.
Le temple fut construit au style basilique. Il se compose de deux étages, dont un pour les femmes. Il peut accueillir 700 fidèles. La structure est située du côté est. Qu’est-ce que le marbre ? À l’intérieur de l’armoire se trouve une collection de livres bibliques écrits sur du cuir et du papier, conservés dans des boîtes de décorations diverses. Devant le temple se trouve une plate-forme pour la prédication et la prière. Elle abrite également 63 livres juifs, 63 exemplaires anciens de la Torah d’une grande valeur et religieuse et archéologique. Tous les chandeliers du temple ont cinq branches, contrairement aux chandeliers à sept braches dans d’autres synagogues. La synagogue comporte également des plaques de cuivre avec les noms de chaque membre de la communauté juive installés sur des bancs en bois, chacun dans sa place assise.
Au cours du processus de rénovation du temple avant son ouverture en 2020, des découvertes archéologiques ont été découvertes lors de l’excavation des sols du temple, qui font partie de l’ancien temple construit en 1354 après JC. Des travaux d’entretien ont été effectués et des ouvertures ont été faites dans les étages du rez-de-chaussée à travers lesquelles ces parties anciennes peuvent être vues.